Highlands

Aberfeldy

 

Sise à l’est du Perthshire, au cœur de la charmante cité historique d’Aberfeldy, sur la rive gauche de la rivière Tay, cette distillerie a plus de 120 ans d’existence. Elle fut, en effet, bâtie en 1896 par John Dewar, le premier « Baron du Whisky », sur un terrain acheté au marquis de Breadalbane, qui occupait le château de Taymouth, voisin. Le lieu était propice : une voie de chemin de fer qui le reliait directement à Perth et facilitait donc les échanges commerciaux ; une eau abondante et pure fournie par un torrent, le Pitillie — qu’avait, d’ailleurs, utilisée, jusqu’à sa fermeture, en 1867, la première distillerie légale établie dans la région, la distillerie Pitillie.

La distillerie Aberfeldy ouvrit donc ses portes deux ans plus tard, en 1898. En 1925, elle devait rejoindre la Distillers Company Ltd (DCL), puis en 1930, toujours au sein de la compagnie, passer sous la férule des Scottish Malt Distillers (SMD). En partie reconstruite au début des années 1970, elle fut ensuite intégrée dans le groupe United Distillers plc, puis reprise, en 1998, par Bacardi Ltd.

Rénovée en 1995, la distillerie possède quatre alambics. Le whisky de malt, ici produit, fut longtemps destiné à l’assemblage du blended fabriqué par Dewar’s. Ce n’est que depuis 1990 qu’il est mis en bouteilles, en single. Néanmoins, la majeure partie de la production continue d’entrer dans les assemblages réalisés par United Distillers, notamment pour le Dewar's White Label.

Deux précisions enfin. D’une part, l’écureuil qui figure sur l’étiquette rappelle que la distillerie est établie dans une région boisée, exceptionnellement riche en écureuils. D’autre part, en évocation de l’importance du chemin de fer dans la diffusion du whisky hors de son rayonnement local, une courte portion de voie ferrée a été restaurée, et on peut y voir une de ces vieilles locomotives à vapeur (puggies) qui, naguère, tractaient les wagons de spiritueux à travers les Highlands.

BEN NEVIS

 

Sise à quelque trois kilomètres au nord de Fort William, au pied du Ben Nevis, le plus haut sommet du Royaume-Uni, auquel elle a emprunté son nom, cette distillerie fut la première à s’implanter légalement dans la région, en 1825. Son créateur était issu de la branche Keppoch des McDonald, l’un des clans les plus puissants des Highlands ; il s’agissait de John MacDonald, dit « Long John » ou « le géant de Keppoch » en raison de sa stature. Celui-ci mit au point le Long John’s Dew of Ben Nevis, un whisky de malt tôt réputé pour sa qualité et qui connut un immense succès. Aussi, en 1878, pour faire face à la demande croissante, Donald P. McDonald, qui, en 1856, avait succédé à son père, fit construire une seconde distillerie, à proximité de la première, au bord de la rivière Nevis ; la distillerie Nevis — tel était son nom — fut dotée des équipements les plus modernes. Aujourd’hui, un blended whisky, le Dew of Ben Nevis, perpétue le souvenir de ce spiritueux, du moins à travers l’appellation. Lequel Dew of Ben Nevis, précisons-le, existe en 21 ans d’âge (43 % vol. d’alcool) et est présenté dans un élégant flacon de cristal.

Fort endommagée par un incendie en 1895, la firme connut une existence quelque peu tumultueuse jusqu’à son rachat, en 1989, par la compagnie japonaise Nikka Whisky Distilling. De fait, après que la marque ait été reprise par Seager Evans dans les années 1920, l’entreprise passa, en 1955, entre les mains d’un propriétaire haut-en-couleurs, Joseph Hobbs, qui y introduisit la fabrication de whisky de grain… sans grand succès. Ce n’est qu’en 1981 que l’entreprise et la marque furent à nouveau réunies sous la férule de Long John International, filiale de Whitbread & Co.

Fermée de 1978 à 1984, puis de 1986 à 1990, la distillerie produit désormais uniquement du whisky de malt, et ce à raison d’un million de litres par an. Elle achète son malt à l’extérieur. L’eau employée est considérée comme la plus pure d’Écosse ; elle provient d’un torrent, l’Allt a’ Mhuilinn, alimenté par deux lochans (Coire na’ Ciste et Coire Leis), situés à plus de 3 000 mètres d’altitude, sur le Ben Nevis. Le chauffage utilise la fois le charbon et la tourbe. La distillation dispose de deux alambics à wash, chacun d’une capacité de 25 000 litres et de deux alambics à alcool, chacun d’une capacité de 20 000 litres. La maturation se fait dans d’anciens fûts de xérès ou de bourbon.

Le whisky de malt produit a 10, 19, 21 et 26 ans d’âge. Le Single Highland Malt Scotch Whisky Ben Nevis de 26 ans d’âge porte sur l’étiquette l’année de la distillation et celle de la mise en bouteille.

EDRADOUR

 

Nichée dans un charmant vallon du Perthshire, près de Pitlochry, la plus petite distillerie d’Écosse tire son nom d’une expression gaêlique, Edred Dobhar, qui signifie « le torrent du roi Edred ». Elle ne semble guère avoir changé depuis sa construction par des fermiers locaux, sur une terre appartenant au duc d’Atholl, en 1825 disent les uns, en 1837 affirment les autres. Quoi qu’il en soit, elle constitue un pittoresque témoignage de ce qu’étaient les fermes-distilleries d’autrefois.

La distillerie connut plusieurs propriétaires : John Macglashan & Co., James Reid & Co., John McIntosh & Co. et notamment, à partir de 1922, William Whiteley, qui utilisa le whisky de malt fabriqué en ces lieux pour l’assemblage du blendes whisky le plus recherché dans les années 1920, le King’s Ransome. Aujourd’hui, elle appartient à Campbell Distillers Ltd et, de ce fait, au groupe français Pernod Ricard.

La distillation du whisky de malt y est restée artisanale ; trois personnes seulement l’ont en charge. L’eau est celle d’une source qui jaillit au flanc du Ben Vrackie, l’orge (variétés « Camargue » et « Chariot ») provient de la région. Ici, point de machines ultra-modernes ! L’équipement est traditionnel, encore en grande partie en bois. Les deux alambics à feu nu sont de la plus petite taille autorisée par la Régie, ce qui participe sans conteste à la qualité du whisky ; celui à wash est d’une capacité de 4 218 litres et celui à alcool d’une capacité de 2 182 litres. La maturation se fait soit en fûts à xérès (Oloroso), soit en fûts de bourbon. La quantité annuelle d’alcool produit s’élève à 90 000 litres.

Le single malt de marque Edradour n’est embouteillé que depuis la fin des années 1980, à raison de quelque 3600 bouteilles par an, soit l’équivalent de la production hebdomadaire d’une distillerie « moderne » ; il a dix ans d’âge. Le surplus entre dans l’assemblage du blended whisky de la marque House of Lords.

D'autre part, avant que la distillerie ne crée sa propre marque de single malt, le whisky participait à la composition d’un assemblage de malts, connu sous le nom de Glenforres.

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