Ardreg
Son site solitaire, sur la côte sud-est de l’île, près de Port Ellen, est empreint d’un charme tout romantique. Á l’emplacement d’une distillerie clandestine, détruite par les hommes de la Régie, John McDougall créa sa propre distillerie en 1815, et ses descendants devaient en rester propriétaires jusqu’en 1977. Ce qui est, pour le moins, exceptionnel dans l’histoire des distilleries écossaises. Á la fin du XIXe siècle, Alfred Barnard la considérait comme l’une des plus intéressantes de l’île, tant par la conception de son architecture que par l’essor fulgurant de sa production. Néanmoins, l’entreprise n’allait pas échapper aux difficultés économiques générées par la crise des années 1970. Reprise, en 1977, par la compagnie canadienne Hiram Walker & Sons, elle fut, de ce fait, absorbée par Allied Lyons et est gérée, à l’heure actuelle, par Allied Distillers Ltd. Elle connut une période de fermeture et ne retrouva son activité qu’en 1989.
« L’île d’Islay produisait traditionnellement des whiskies richement tourbés et fumés », précise une étiquette du single malt Ardbeg. Ainsi la distillerie revendique-t-elle son appartenance à cette catégorie de whiskies, au caractère affirmé, dont l’île a le secret. Il est vrai que, jusque dans les années 1980, le maltage se fit artisanalement, dans la touraille à toit de pagode, dépourvu de ventilateur ; d’où, un whisky puissant, empreint d’une certaine âcreté. La quasi totalité de son whisky était destinée à l’assemblage de blended whiskies.
Aujourd’hui, la distillerie achète son malt — fortement tourbé — à l’extérieur. Elle utilise l’eau des lacs Arinambeast et Uigidale. Mais elle ne fonctionne désormais qu’au tiers de sa capacité, et une faible quantité de single malt est commercialisée chaque année.
COPYRIGHT ANNIE PERRIER-ROBERT © Tous droits réservés.