Islay
Des malts évoquant l'Inde et le vent du large…
La légende veut qu’une princesse danoise géante, du nom d’Iula, ait réussi à traverser l’océan à gué, en ayant placé des pierres sur son parcours, et qu’elle ait « échoué » sur la plage d’une île. Trop lasse pour s’écarter du rivage, elle aurait péri noyée. Et en son souvenir, l’île aurait pris son nom : ISLAY.
Á l’ouest de l’Écosse, à hauteur de Glasgow, l’île d’Islay joint à l’attrait de ses paysages divers, livrés aux humeurs de l’océan, l’intérêt d’être un véritable paradis du whisky. En effet, malgré sa faible superficie — quarante kilomètres de long et trente de large —, cette terre insulaire a conservé huit distilleries en activité, et ses malts, fortement personnalisés au point de constituer une « famille » à part entière, jouissent d’une solide réputation dans le monde entier.
Déjà, à la fin du XIXe siècle, Alfred Barnard constatait l’omniprésence de la mer dans la situation des différentes distilleries de l’île, car toutes sont établies sur la côte, et, par là, s’interrogeait sur une éventuelle influence de l’air marin sur le caractère singulier de leurs whiskies. Une influence niée par les distillateurs de l’époque, qui attribuaient la spécificité du whisky de malt d’Islay au parfum particulier de la tourbe récoltée dans l’île. Ce choix des distilleries de s’établir en bord de mer avait sa raison d’être. Des jetées étaient construites pour permettre l’embarquement du whisky destiné au continent écossais et même au-delà. Ces structures requises par la distillation n’ont rien perdu de leur importance. Aujourd’hui encore, le spiritueux joue un rôle majeur dans l’économie d’Islay.
On peut distinguer deux grands types de whiskies produits sur l’île. D’une part, les trois « B » — Bruichladdich, Bowmore et Bunnahabhain — fabriquent des malts alliant richesse, légèreté et élégance. Leur tempérament «Islay» est subtil et très apprécié des amateurs recherchant des whiskies relativement peu marqués par la tourbe. D’autre part, les autres distilleries de l’île — Ardberg, Caol Ila, Lagavulin, Laphroaig et Port Ellen — produisent des malts au tempérament fortement impressionné par la tourbe. Leur caractère puissant, empreint d’une certaine rusticité, ne les rend pas accessibles à tous les palais. Après une initiation, on ne manque pas de s’enthousiasmer, en découvrant une richesse d’arômes à nulle autre pareille.
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